Sébastien Fléoul

Sébastien Fléoul est une âme indomptée, forgée par les vents et les marées. À DownRoc’h, ce village solitaire accroché aux côtes déchiquetées de la mer, il est aussi permanent et insaisissable que l’écume sur les vagues. Depuis dix ans, il a fait de cet endroit sa maison, un village qui ressemble à ces vieux bourgs bretons, où le temps semble hésiter entre le passé et l’éternité. Ici, les habitants sont aussi rudes que la roche sur laquelle ils vivent, et Sébastien, avec sa silhouette élancée et sa peau marquée par le sel et le soleil, s’est parfaitement fondu dans ce décor.

À 16 ans, Sébastien a choisi la mer comme destin, un choix naturel pour un homme qui ne sait vivre qu’au rythme des vagues. Sa vie est simple, mais riche des mille nuances de l’océan. Tous les jours, il prend son bateau bleu et jaune, un vieux rafiot qui a vu autant de tempêtes que de calmes plats, et il part pêcher au filet, traçant son chemin à travers les flots comme un funambule entre le ciel et l’abîme. Tennessee, son chien noir immense, l’accompagne souvent, sa silhouette massive se découpant contre l’horizon, fidèle comme l’ombre de son maître. Il y a dans leurs silences une complicité ancienne, faite de regards échangés sans besoin de paroles.

Sébastien est un homme de peu de mots, et ceux qu’il prononce sont souvent secs, sans courtoisie superflue. Froid en apparence, il est pourtant beau d’une manière qui dérange, avec ses cheveux châtains qui s’éclaircissent sous les rares rayons de soleil, et ses yeux où brille une lueur que personne ne peut vraiment percer. Sa beauté n’a rien de tendre, elle est pointue, glaçante et semble presque artificielle. Pourtant, il ne semble pas s’en soucier, ignorant ou remarquant à peine les regards charmeurs qui se posent sur lui. Ce n’est pas qu’il se méfie des autres, mais Sébastien n’a jamais eu besoin de plaire à qui que ce soit. Sa seule véritable compagne est la mer, et quand il n’est pas à bord de son bateau, il se promène sur les plages et les falaises de DownRoc’h, une cigarette coincée entre ses lèvres ou une pipe serrée dans sa main calleuse.

Ses balades solitaires sont pour lui des moments de méditation, une communion avec cette nature qui lui ressemble tant. Il aime la solitude, mais pas l’isolement. Il peut passer des heures à observer la mer, à sentir le vent glisser sur sa peau tannée, ou à écouter le bruit des vagues s’écraser contre les rochers, comme une symphonie secrète que seuls les marins savent entendre. DownRoc’h, avec ses falaises abruptes et ses légendes anciennes, est pour lui un livre ouvert. Il connaît chaque recoin de ce village, chaque cachette, chaque histoire fantastique que les anciens racontent autour d’un verre dans les bars. Ici, on parle de sirènes qui hantent les profondeurs, de navires fantômes perdus dans la brume, et Sébastien connaît ces histoires mieux que personne. Il les a entendues mille fois, mais elles continuent de l’envoûter, comme des contes jamais tout à fait épuisés.

Quand il ne navigue pas, Sébastien dévore les livres. Il est un lecteur avide, assoiffé de mythes et merveilles. Ses nuits solitaires sont souvent peuplées de pages tournées à la lumière d’une lampe vacillante. Il aime les échecs, ce jeu où chaque coup est un combat silencieux, une stratégie qui se déploie lentement comme une marée montante